Ce petit garçon de six ans, très intelligent, posait problème à ses parents depuis son plus jeune âge. A l’école, il réussissait bien sa scolarité mais « disjonctait » régulièrement dès qu’il y avait trop de bruit, un changement d’emploi du temps, des déplacements ou un fait nouveau. Se restaurer à l’école lui était insupportable.
Déculpabiliser les parents
La maman l’accueillait deux fois par semaine le midi pour soulager l’équipe éducative. C’est en dialoguant, rassurant, écoutant les parents que j’ai pu établir un lien (douloureux pour la maman qui faisait le maximum) et les amener à une prise en charge médicamenteuse afin d’apaiser les enseignants, les élèves et cette famille qui subissaient les crises explosives de cet enfant. Déculpabiliser les parents, leur donner des outils pour parer aux éventuels dérapages, les reconnecter avec le monde extérieur, les amener à reconsidérer l’image de leur fils qui n’était pas foncièrement méchant mais qui exprimait une intolérance à la moindre angoisse ou frustration.
Un couple à 100% les parents d’un enfant difficile !
La famille s’est réorganisée, s’est davantage occupée de leur fils aîné qui souffrait de l’omniprésence de son frère. Elle a accepté de digérer des vérités qu’ils ne souhaitaient pas entendre ; tout était mis en œuvre pour ce petit garçon : prise en charge médicale, aménagement du temps professionnel, sorties, jeux éducatifs, dialogues privilégiés, écoutes…Ils ne comprenaient pas pourquoi cela ne fonctionnait pas !
C’est simple, ils n’existaient plus en tant que couple, ils étaient à 100% les parents d’un enfant difficile !
La prise de conscience des parents
Il a fallu du temps, un passage dépressif de la part de la maman, un éloignement du papa noyé dans son travail, des troubles de l’aîné, un sentiment de blessures à mon égard (je ne pouvais plus accepter leur fils tant qu’il se mettrait en danger et qu’il faisait peur aux autres élèves).
J’exigeai une rupture de leur fonctionnement pour qu’ils prennent conscience que tant qu’ils ne vivraient pas « normalement », leur enfant se comporterait anormalement ! Il a été diagnostiqué autiste à haut potentiel, a été soigné sur le temps scolaire ; l’aîné a pris une place plus importante au sein de la famille et les parents ont commencé à s’ouvrir aux autres. La maman m’a avoué que je l’avais terriblement blessée mais que depuis qu‘elle voyait que la situation évoluait, elle ne m’en voulait plus.
L’enfant reconnu MDPH
L’enfant, reconnu MDPH, a pu obtenir une auxiliaire de vie en classe et sur le temps du midi. Il a pu poursuivre sa scolarité dans de meilleures conditions. Je garde un bon souvenir de ces parents qui m’ont fait confiance et qui sont arrivés à accepter que leur fils n’était pas « ce qu’il faisait » mais qu’il était une partie d’eux-mêmes c’est à dire un homme et une femme qui avaient conçu un enfant par amour !